Dermatophytose : reconnaître et traiter les symptômes efficacement

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Femme caucasienne examine un rash sur son bras

Des démangeaisons persistantes ou des lésions cutanées récurrentes ne relèvent pas systématiquement d’une allergie ou d’un simple eczéma. Certaines infections, pourtant fréquentes, restent souvent sous-estimées, malgré leur caractère hautement contagieux.

L’apparition de symptômes caractéristiques exige une attention rapide, sous peine de complications ou de transmission à l’entourage. Des solutions éprouvées existent pour limiter la propagation et accélérer la guérison, à condition d’agir sans délai et avec méthode.

Comprendre la dermatophytose : une infection fongique fréquente mais méconnue

La dermatophytose, que l’on nomme volontiers teigne dès qu’elle touche le cuir chevelu ou la peau, illustre la redoutable capacité d’adaptation de certains champignons filamenteux. Ces dermatophytes, friands de kératine, n’hésitent pas à s’inviter sur la peau, les ongles ou les cheveux, où ils se nourrissent et prolifèrent. Trois noms se démarquent dans cette famille : Trichophyton, Microsporum et Epidermophyton.

Pas de portrait unique pour la dermatophytose : tout dépend de la zone infectée et du champignon concerné. Sur le corps, on voit apparaître des plaques arrondies, rouges et squameuses. Sur le cuir chevelu, la tinea capitis dévoile des zones où les cheveux tombent ou se cassent à la racine, parfois accompagnées de lésions inflammatoires (le fameux kérion). Les mycoses cutanées se multiplient en consultation, chez l’enfant comme chez l’adulte, témoignant d’une fréquence accrue, particulièrement dans les régions tempérées.

Les lieux collectifs, comme les écoles, les vestiaires ou les salles de sport, deviennent de véritables passerelles pour la contamination entre personnes. Les animaux domestiques, surtout chats et chiens, ne sont pas en reste : ils servent parfois de réservoir silencieux. Pour les professionnels de santé, impossible d’ignorer la diversité des formes : devant toute lésion cutanée tenace ou atypique, il faut envisager la piste d’une dermatophytose. En France, Microsporum et Trichophyton se retrouvent le plus souvent lors des analyses, en particulier chez les plus jeunes.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Certains signes ne trompent pas et méritent d’être repérés avant que la dermatophytose ne s’étende. Sur la peau, la lésion classique prend l’aspect d’une plaque rouge arrondie, bien nette, bordée de squames et parfois de petites vésicules. Le centre s’éclaircit, dessinant une forme annulaire typique de l’herpès circiné ou tinea corporis. D’autres formes, comme l’eczéma marginé de Hebra (tinea cruris), s’installent dans les plis de l’aine et provoquent des démangeaisons persistantes.

Si l’infection touche le cuir chevelu, la teigne se traduit par des zones sans cheveux, des cheveux brisés à la racine, parfois des tuméfactions rouges et douloureuses couvertes de croûtes ou suintant du pus (le kérion). Chez l’enfant, détecter ces signes sans tarder permet de limiter les risques de contagion et d’éviter des séquelles.

Les mycoses des ongles (onychomycose ou tinea unguium) démarrent souvent par un ongle épaissi, jauni et cassant. Le pied d’athlète (tinea pedis) reste courant chez les adolescents et les adultes, provoquant fissures, démangeaisons et peau qui pèle entre les orteils.

Localisation Manifestations
Peau glabre Plaques rouges, squames, bordure active
Cuir chevelu Alopécie, cheveux cassés, inflammation, croûtes, pus
Ongles Ongle épaissi, jaunâtre, friable
Pieds Fissures, démangeaisons, squames inter-orteils

La variété des lésions force à garder à l’esprit, face à toute anomalie persistante de la peau, des ongles ou des cheveux, la possibilité d’une infection fongique et à demander une confirmation en laboratoire.

Traitements efficaces : que faire en cas de symptômes ?

Face à des symptômes évocateurs de dermatophytose (plaques rouges, squames, démangeaisons, perte de cheveux ou ongles abîmés), la priorité reste de confirmer le diagnostic. Le prélèvement mycologique est incontournable : il permet, via l’examen direct et la culture, d’identifier le responsable (Microsporum, Trichophyton, Epidermophyton). L’examen rapide au KOH (hydroxyde de potassium) révèle souvent la présence de filaments fongiques, avant la confirmation par culture.

Le traitement antifongique se choisit selon la localisation et l’étendue de l’infection. Si la peau glabre seule est atteinte et de façon limitée, une crème antifongique adaptée (terbinafine, éconazole, kétoconazole) suffit en général. Dès que la maladie touche le cuir chevelu ou les ongles, un traitement oral s’impose, prescrit par le médecin généraliste ou le dermatologue : griséofulvine, terbinafine, itraconazole ou fluconazole, selon la situation et le type de champignon.

L’objectif : couper net la contagion et prévenir les complications. Respectez sans relâche la durée du traitement, qui s’étire souvent pour l’onychomycose ou la teigne du cuir chevelu. Avant tout traitement, vérifiez les éventuelles contre-indications, puis surveillez la réponse clinique. Un contrôle en laboratoire s’avère parfois utile. Pour les enfants atteints de teigne du cuir chevelu, l’éviction temporaire de l’école peut être envisagée pendant le début du traitement.

Jeune homme applique une creme sur son poignet

Prévenir la dermatophytose au quotidien : conseils pratiques et bons réflexes

Adopter certains réflexes au quotidien permet de limiter le risque de dermatophytose. Ces champignons dermatophytes aiment les environnements chauds et humides, et circulent aisément, que ce soit par contact direct, via les animaux infectés (chat, chien), ou plus rarement par le sol (transmission tellurique). Voici des pratiques qui aident à freiner la contagion au sein du foyer et en collectivité :

  • Utilisez une serviette personnelle et changez-la régulièrement.
  • Privilégiez le lavage du linge à 60°C en cas d’infection constatée au sein du foyer.
  • Portez des chaussures fermées uniquement lorsque cela s’avère nécessaire, et aérez les pieds après chaque usage.
  • Évitez le partage de brosses à cheveux, bonnets ou casquettes, surtout chez les enfants.
  • Procédez à un examen vétérinaire des animaux domestiques présentant des plaques dépilées ou des croûtes suspectes.

En collectivité, la transmission interhumaine réclame une vigilance accrue. Lorsqu’une épidémie survient, l’éviction temporaire des enfants avec une teigne du cuir chevelu s’impose jusqu’à ce qu’un traitement soit commencé. Les personnes du foyer sans symptôme méritent également d’être examinées.

Prêter attention à la contamination indirecte, vestiaires, douches, tapis de sport, réduit nettement le risque. Un geste simple à retenir : bien sécher les espaces entre les orteils après la douche, notamment chez les sportifs et les enfants. Rester attentif, c’est offrir à sa peau une chance de retrouver toute sa tranquillité.