
2,4 % des enfants présentent un trouble du neurodéveloppement avant sept ans. Derrière ce chiffre, il y a des familles qui cherchent des réponses, des professionnels qui se croisent sans toujours se parler, et des parcours de soins qui s’enrayent faute de coordination. Le terrain est complexe, balisé d’espoirs et de tâtonnements.
Depuis quelque temps, les plateformes d’accompagnement coordonné commencent à prendre place dans nos territoires. Leur promesse : offrir un diagnostic plus fin, croiser différents regards, et guider les familles vers les bons interlocuteurs. Parmi eux, le psychomotricien trouve toute sa légitimité, notamment lorsque l’enfant se heurte à des difficultés d’attention, de motricité ou d’intégration sensorielle. Son intervention s’ajoute le plus souvent à celle des psychologues et autres acteurs du soin.
Plan de l'article
- Reconnaître les difficultés psychologiques chez l’enfant : signes à ne pas négliger
- À quoi sert un psychomotricien dans l’accompagnement de votre enfant ?
- Quand et pourquoi consulter un psychomotricien pour un suivi adapté ?
- Les plateformes d’accompagnement : comment elles facilitent le parcours des familles
Reconnaître les difficultés psychologiques chez l’enfant : signes à ne pas négliger
Détecter un trouble du neurodéveloppement (TND) chez un enfant ne se fait jamais à la légère. Les premiers indices sont souvent repérés par la famille : des comportements inhabituels qui persistent et laissent perplexe. Côté enseignant, la vigilance est aussi de mise. Jour après jour, ils observent parfois une concentration défaillante, des obstacles durables dans les apprentissages ou une forte résistance au moindre changement de routine. L’isolement, les réactions disproportionnées ou le repli social ne sont pas à minimiser non plus.
Dans le domaine médical, le médecin traitant, le pédiatre, le médecin scolaire ou le médecin de PMI bénéficient de grilles d’observation précises. Un livret d’aide, régulièrement enrichi dans le cadre de la stratégie nationale pour les TND, facilite ce travail de repérage. Les points d’alerte les plus courants : absence du sourire social, retard inexpliqué du langage, gestes répétitifs, rigidité comportementale, difficulté à entrer en relation avec les autres.
Certains signes concrets permettent d’attirer l’attention :
- Blocage ou perte de certaines acquisitions même quand l’enfant grandit.
- Peu d’intérêt pour les jeux en groupe ou les activités partagées.
- Réactions étonnantes face à des sons, des textures ou des lumières inhabituelles.
Un accompagnement psychologique peut alors débuter, en cabinet ou dans une structure, auprès de psychologues spécialisés dans l’enfance. Plus le soutien commence tôt, plus il offre de chances d’éviter une rupture du parcours. À ce stade, repérer, c’est déjà offrir un tremplin au futur suivi.
À quoi sert un psychomotricien dans l’accompagnement de votre enfant ?
Le psychomotricien occupe un rôle singulier : il explore la frontière entre le corps et le psychisme. Son approche est globale. Il évalue le geste, la posture, la coordination, le tonus. Son objectif ? Favoriser une motricité adaptée pour que l’enfant puisse naviguer plus aisément dans son quotidien, à l’école comme à la maison, et dans sa vie sociale.
Au-delà des mouvements, il porte attention à l’organisation spatiale, à la conscience corporelle, à la gestion émotionnelle à travers le mouvement et à la latéralité. Quand un trouble du neurodéveloppement, un retard ou une difficulté d’adaptation s’installe, ce suivi s’intègre généralement dans une dynamique collective aux côtés des autres soignants.
Les bienfaits sont tangibles et variés. On peut citer, parmi les axes de la psychomotricité :
- Soutenir sur les gestes quotidiens : habillage, dessin, manipulation d’objets et d’outils.
- Développer la concentration, perfectionner la coordination et l’équilibre.
- Aider à réduire la maladresse, apaiser l’anxiété corporelle et cultiver la confiance en soi.
Pour consulter un psychomotricien, une prescription médicale est indispensable. Cette démarche émane la plupart du temps du médecin traitant ou découle d’une orientation décidée par une plateforme de coordination, un CAMSP ou encore un CMPP. Avec le forfait d’intervention précoce, intégralement financé par l’Assurance maladie, les enfants de moins de sept ans peuvent bénéficier de bilans et de séances dès qu’une suspicion de TND existe. Ce dispositif limite le poids financier tout en renforçant la coopération entre professionnels.
Quand et pourquoi consulter un psychomotricien pour un suivi adapté ?
Reconnaître le bon moment pour solliciter un psychomotricien, c’est avant tout être attentif. Famille, enseignants, médecin traitant ou pédiatre peuvent alerter face à certains signaux : maladresse persistante, gestes quotidiens laborieux, souci d’équilibre ou de coordination. Un enfant qui évite de s’habiller seul, qui lutte avec l’écriture ou déserte le sport interpelle sur ses besoins particuliers. Ces points peuvent révéler un trouble moteur ou orienter vers un TND.
Plusieurs solutions existent pour garantir à l’enfant un suivi professionnel sur-mesure. Après une évaluation initiale, le médecin traitant, le pédiatre ou le médecin scolaire décident vers qui orienter : psychomotricien, structure ou libéral. Les établissements comme les plateformes de coordination, CAMSP, CMPP ou CMP proposent un accompagnement collectif, notamment lorsque la piste du TND est évoquée.
L’accompagnement s’effectue au sein d’une équipe ou, si besoin, avec des praticiens libéraux sur simple prescription médicale. Quand les délais s’étirent ou que les besoins ne trouvent pas leur place dans le public, ces professionnels prennent le relais. À chaque étape, le projet d’aide doit être soigneusement réévalué : parfois, le soutien du psychologue, de l’ergothérapeute ou de l’orthophoniste s’avère précieux. Le forfait d’intervention précoce permet d’ailleurs un accès facile, sans avance de frais, pour tout jeune enfant dont le trouble du neurodéveloppement est suspecté.
Les plateformes d’accompagnement : comment elles facilitent le parcours des familles
Détecter une difficulté n’est qu’une partie du chemin. Se repérer dans le dédale des offres de soins en est une autre. Les plateformes de coordination et d’orientation (PCO) assument ce rôle de chef d’orchestre : elles coordonnent chaque étape du parcours de soins pour les enfants de 0 à 12 ans faisant l’objet d’une suspicion de trouble du neurodéveloppement. Une fois l’alerte donnée par un médecin, c’est toute une équipe pluridisciplinaire, psychologues, orthophonistes, psychomotriciens, ergothérapeutes, qui se mobilise. Ils se réunissent pour harmoniser leurs interventions, poser un regard croisé sur la situation et prévenir toute perte de chance liée à un suivi morcelé.
Le forfait d’intervention précoce, pris en charge financièrement, donne rapidement accès aux premiers bilans et aux séances nécessaires, sans frais d’avance. Les PCO s’appuient aussi sur les autres structures publiques : les CAMSP pour les plus petits, les CMPP, les CMP et, si nécessaire, sur des praticiens libéraux pour compléter l’offre et réduire les délais d’attente. Grâce à ce maillage, les ruptures de parcours s’amenuisent et l’accès au soutien se fait plus rapide.
Voici les structures vers lesquelles les familles peuvent être orientées pour un accompagnement coordonné :
- CAMSP : centre spécialisé dans le diagnostic, la prévention, la rééducation et le suivi des tout-petits.
- CMPP : lieu d’accueil pour une prise en charge globale des troubles psychiques, du comportement ou des apprentissages.
- CMP : centre de consultations et de soins ambulatoires pour accompagner les troubles psychiques chez l’enfant.
Repérer tôt, simplifier les démarches, permettre à chaque enfant de s’engager sur le bon chemin : la stratégie nationale pour les TND 2023-2027 imprime cette dynamique. En misant sur la coordination, les familles trouvent davantage d’appuis, avancent avec moins d’incertitude, et chaque progrès s’ancre dans une perspective nouvelle. À chaque avancée, derrière les portes des structures et dans le regard des équipes, l’élan se partage : offrir aux enfants un parcours qui colle enfin à leurs besoins réels.













































